Depuis 1910, le 8 mars est reconnu comme la Journée internationale de la femme. Cette année, elle est placée sous le signe de l’inclusion. Même si la sensibilisation aux préjugés et à la discrimination à l’égard des femmes reste nécessaire, concentrons-nous sur les aspects positifs : le progrès et l’espoir !
Nous avons interviewé 4 femmes de RingCentral qui contribuent quotidiennement à ouvrir la voie vers un monde égalitaire, diversifié, équitable et inclusif. Cette année est l’occasion de lutter contre les stéréotypes, de soutenir toutes les femmes en tant que groupe et de célébrer chaque femme en tant qu’individu !
Place aux témoignages d’Emily Fallon, RVP, International Channel Marketing & Programs, Emily Georgiadis, Senior Director EMEA Commercial, Fiora Dominici, Director of Professional Services et Louise NewburySmith, Associate Vice President UK Sales.
La situation des femmes s’améliore, mais les choses sont encore loin d’être parfaites.
Qu’est-ce qui vous frustre/agace le plus en ce qui concerne les droits des femmes ?
FD : L’écart salarial et l’impact sur la carrière : les femmes donnent déjà beaucoup d’elles-mêmes à la société. Non seulement leur emploi et leur carrière, mais aussi leur corps, leur temps et leur santé mentale pour élever les enfants de demain. Même si le partage des tâches ménagères au sein des couples s’améliore, nous sommes encore loin du compte (2/3 des tâches ménagères sont encore gérées par les femmes). Par ailleurs, pourquoi, à travail égal, les femmes seraient-elles moins bien payées que les hommes ?
LN : Je réponds à cette question sans y répondre. J’ai été confrontée à certains défis, à de la discrimination, etc. dans le passé et j’ai même écrit à ce sujet dans des blogs, et aurtes. Mais je ne suis plus si sûre qu’il soit utile de les combattre de cette manière. Je pense qu’il vaut mieux célébrer les réussites des femmes et des alliés, et ne pas s’accrocher à la négativité, sinon nous courons le risque de laisser perdurer cette situation négative. Alors que le succès engendre le succès : nous devrions plutôt nous concentrer sur cela.
Pouvez-vous partager une anecdote de votre vie professionnelle qui a été déterminante pour votre vision des droits des femmes et de leur position sur le lieu de travail ?
FD : L’un des exemples qui m’a le plus choquée est malheureusement un incident survenu dans une entreprise précédente. Cela s’est passé lors d’un séminaire, donc avec tous les employés et après une soirée plus qu’arrosée, l’un des employés (manager) s’est retrouvé le lendemain matin à courir nu devant les employés, le personnel de l’hôtel et les clients de l’hôtel, en grimpant sur une table. Je vous laisse imaginer la suite… Malheureusement, ce qui m’a le plus choqué à l’époque, c’est la façon dont la direction a géré la situation. Pour eux, cela faisait partie de la fête. C’était du « rock’n roll ». Il n’y a pas eu d’action. Sauf que ce n’était pas une fête d’étudiants, c’était un séminaire d’entreprise et nous étions plusieurs, femmes mais pas seulement, à être choqués.
Finalement, la seule façon de faire réagir notre manager a été de lui demander, lors d’une réunion 1:1, ce qu’il aurait pensé si le protagoniste sur cette table avait été une femme. L’aurait-il qualifiée de « rock’n roll », l’aurait-il appelée de la même façon ? Il n’a pas su me répondre… C’est à ce moment-là que j’ai compris que nous, les femmes, n’étions jamais traitées sur un pied d’égalité et que nous devions toujours faire face aux préjugés et les combattre.
Les priorités sont multiples, comment choisir ?
Quelle serait la principale priorité à adresser en matière de droits des femmes ?
FD : Protéger le corps des femmes et leur droit à en disposer comme elles l’entendent. Après ce qui s’est passé en Europe et dans le monde sur le droit à l’avortement, c’est le sujet qui me préoccupe le plus. Dès lors, le combat pour la constitutionnalisation de l’avortement en France m’a semblé essentiel. J’attends avec impatience les résultats des votes du Parlement cette semaine et les prochaines étapes pour inclure ce droit dans la Constitution française.
Qu’est-ce qui contribuerait le plus à l’autonomisation des femmes ?
EF : À mon avis, il y a de multiples façons d’aider les femmes à s’émanciper. Tout d’abord, et c’est probablement le plus important, garantir l’égalité d’accès à l’éducation permet aux femmes de tout âge d’acquérir des compétences et de la confiance en soi. En outre, il est essentiel de promouvoir l’égalité salariale et de mettre un terme à l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes pour renforcer l’autonomie des femmes.
J’aimerais voir une augmentation de la représentation des femmes aux postes de direction dans les entreprises. C’est essentiel pour diversifier les perspectives dans les processus de prise de décision, mais nous ne voyons pas autant de femmes être promues. Pourquoi une telle situation ? et comment y remédier ?
Je pense qu’il est très important de favoriser l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée grâce à des politiques favorables à la famille, qui permettent aux femmes de poursuivre leur carrière tout en conservant une vie personnelle saine et j’aimerais enfin entendre que les femmes n’ont pas l’impression de devoir choisir entre leur famille et leur carrière !
Enfin, il est essentiel que les femmes disposent de réseaux de soutien, soit personnellement, soit par le biais de programmes de mentorat, afin de leur fournir des conseils, des encouragements et un sentiment d’appartenance à une communauté. Les femmes devraient se soutenir entre elles, en célébrant leurs réussites sur leur lieu de travail et en dehors, tout en créant un espace de confiance pour partager les défis et trouver de nouvelles opportunités.
Nous pouvons bénéficier de l’aide d’alliés, dont le nombre augmente au sein des entreprises. Mais que faut-il pour être un bon allié ?
EF : Pour moi, il existe de multiples facteurs qui contribuent à faire de quelqu’un un bon allié, que ce soit sur le lieu de travail ou en dehors. Il faut s’engager à comprendre, à soutenir et à défendre l’égalité entre les hommes et les femmes. Voici quelques éléments clés qui me semblent importants :
- Écouter et apprendre : se renseigner et comprendre les expériences des femmes.
- Amplifier les voix : utiliser vos réseaux pour mettre en lumière les réalisations des femmes.
- Remettre en question les stéréotypes : remettre en question et éliminer les stéréotypes liés au genre.
- Soutenir l’égalité au travail : plaider en faveur de l’égalité des chances et d’un traitement équitable.
- S’exprimer contre la discrimination : aborder et confronter les comportements sexistes.
- Partager les responsabilités : encourager le partage égal des responsabilités à la maison et dans les relations.
- Défendre les politiques : soutenir les politiques et la législation en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
- Célébrer les réalisations : reconnaître et célébrer les contributions des femmes.
- Réfléchir et s’adapter : apprendre en permanence, se développer et s’efforcer d’être un meilleur allié.
Qu’est-ce qui vous donne le plus d’espoir en ce qui concerne les droits des femmes ?
EG : Le fait que les choses vont dans le bon sens. Le processus est lent, certes, mais les choses ont énormément changé entre ce qu’a vécu ma mère à mon âge et la situation que je vis. Je suis une mère qui travaille, j’ai deux enfants en bas âge, une belle carrière et un avenir prometteur. Ma mère a quitté l’école à 15 ans et, à l’époque, il était extrêmement rare de travailler une fois que l’on avait des enfants. Nous avons encore un long chemin à parcourir, mais il existe aujourd’hui de nombreux exemples de femmes qui occupent des postes de direction et qui font la différence.
La prochaine génération d’hommes est également très différente de ses prédécesseurs. Mon mari est l’exemple typique d’un homme qui n’a jamais connu autre chose que l’égalité des droits, et qui aborde donc le monde ainsi. Ce type d’approche et de comportement est incroyablement rassurant.
LN : Ce sont les femmes elles-mêmes qui me donnent le plus d’espoir. Quand je vois tout ce que les femmes autour de moi accomplissent pour elles-mêmes et leur façon de tracer la voie pour celles qui passent par notre entreprise, j’y vois une véritable source d’inspiration. Nous avons besoin que le nombre de femmes si inspirantes augmente, car nous avons encore beaucoup à faire en matière de représentation des genres. Nous n’y parviendrons que si nous avons des modèles extraordinaires dans notre entreprise, mais, en la matière, je crois que nous sommes en train de gagner !
EF : Ce qui me donne le plus d’espoir, c’est que nous pouvons toutes avoir un impact significatif sur les droits des femmes en contribuant activement à un changement positif, et c’est en notre pouvoir ! J’ai la chance d’avoir un incroyable réseau de femmes autour de moi, et en collaborant avec elles, en partageant nos points de vue et en plaidant collectivement pour le changement, nous pouvons amplifier nos efforts pour aider les autres.
FD : Des femmes et des hommes se battent quotidiennement pour les droits des femmes, une meilleure diversité, l’inclusion et l’équité. Quand je vois toutes ces actions, ces posts, ces discussions, j’ai encore foi en notre avenir 🙂
Inspirer et s’inspirer des femmes de toutes les générations, une clé majeure de succès.
Quels conseils donneriez-vous à votre fille ? Que souhaitez-vous aux femmes de la prochaine génération ?
EF : Je n’ai pas de fille, mais j’ai deux sœurs. Les trois principaux conseils que je leur ai donnés à l’occasion et que je donnerais à la prochaine génération de femmes sont les suivants :
- Soyez vous-même pour créer votre propre succès : soyez fidèle à vous-même et ne vous sentez pas obligée de vous conformer aux attentes. L’authenticité est source d’autonomie et, en embrassant votre vraie personnalité, vous pouvez inspirer les autres à faire de même. Traitez les autres comme vous voulez être traitée. Vous êtes maîtresse de votre avenir, alors tracez votre propre chemin en fonction de vos valeurs et de vos aspirations pour créer votre propre succès, mais sachez qu’il n’y a pas de taille unique !
- Faites entendre votre voix : prenez la parole, partagez vos idées et restez ferme dans vos convictions. Votre voix est précieuse et votre point de vue compte.
- Ne vous contentez jamais de peu : fixez-vous des normes élevées pour vous-même dans tous les aspects de la vie. Poursuivez vos objectifs et vos rêves avec détermination, résilience et la conviction que vous ne méritez rien de moins que l’égalité des chances et le respect.
Mon souhait pour les femmes de la prochaine génération est qu’elles évoluent dans un monde où l’on peut s’épanouir, diriger et être célébré pour ses contributions personnelles, mais aussi soutenir et défendre les autres tout au long du chemin !
LN : Je n’ai pas de fille, je vais donc décrire le conseil que je donnerais à ma nièce, et j’essaierai d’être succincte.
Je lui conseillerais de s’estimer autant, sinon plus, que nous l’estimons dans tous les aspects de sa vie. Je lui conseillerais de ne jamais compromettre ses valeurs dans les affaires et dans sa vie personnelle.
Je lui conseillerais de profiter pleinement de sa vie et de saisir les opportunités, même si elles lui font un peu peur. Enfin, je lui demanderais de toujours soutenir les autres femmes, car cela lui reviendra au centuple.
FD : « Fais-le ma fille et n’aie pas peur ». Ne doute pas de toi, ne te remets pas en question. Tu peux y arriver et même si tu n’y arrives pas, tu apprendras de nouvelles compétences et tu pourras faire mieux la prochaine fois. C’est normal de faire des erreurs, tout le monde en fait ! Par ailleurs, les hommes n’ont pas peur de postuler à un emploi, même s’ils ne cochent pas toutes les cases. Pourquoi ne pas postuler ?
Cela ne s’applique pas seulement à l’emploi, mais à toutes les dimensions de la vie : pratiquer un nouveau sport, apprendre une nouvelle compétence, etc,
EG : Nous avons parcouru un long chemin au cours des 20 dernières années. Lorsque j’ai commencé à travailler en tant qu’avocate stagiaire, la discrimination sur le lieu de travail était monnaie courante. Au début, je ne suis même pas sûre d’avoir su que certaines actions et certains comportements étaient inappropriés jusqu’à ce qu’ils soient spécifiquement dénoncés.
Je me surprends parfois à faire des exceptions pour certains comportements sur la base de l’âge, de la génération ou de critères non pertinents/inadaptés, par exemple « c’est comme ça qu’on faisait à l’époque » ou « il/elle ne sait pas comment se comporter autrement« . On s’habitue et on s’immunise contre certains comportements parce que la société nous a conditionné à les accepter.
J’ai des amis qui ont dix ans de moins que moi et qui ne feraient jamais une telle exception parce qu’ils n’ont jamais connu d’époque où ce comportement était considéré comme acceptable. J’apprends de la génération suivante, ce qui me rend plus forte. Si vous grandissez au son de messages puissants et en faites l’expérience chaque jour, vous y croirez au plus profond de vous. Il y a une différence entre apprendre à vivre en incarnant ces libertés et en avoir l’intime conviction, comme une évidence. Mon souhait pour les femmes de la prochaine génération est qu’elles incarnent les droits et libertés fondamentaux des femmes avec cette conviction au plus profond d’elles-mêmes.
Quelles sont les dates marquantes de l’histoire ou les figures féminines qui vous inspirent ?
FD : Pour moi, c’est la loi sur la parité en France de 2000. Parce que c’est devenu une obligation, les discussions ont vraiment pu commencer sur ce sujet dans les entreprises. Les statistiques ont été publiées et des actions ont été mises en place pour donner plus de place aux femmes dans le monde du travail.
LN : Ma grand-mère, aujourd’hui décédée, était une source d’inspiration extraordinaire. Elle a servi dans les WAAF (Women’s Auxiliary Air Force). La dignité et le calme avec lesquels elle décrivait ses activités pendant la guerre m’ont rendu très humble. Mon grand-père était ingénieur dans la Royal Air Force et elle décrivait souvent ses interventions en l’air avec les pilotes d’essai pour mettre au point les moteurs, ce qui était une période extrêmement éprouvante pour elle. Elle a choisi de participer aux efforts en servant dans toutes les fonctions qu’elle pouvait, ce qui la menait souvent loin de chez elle.
Il a été extrêmement constructif de découvrir les expériences qu’elle a décrites, qui contrastent fortement avec nos modes de vie actuels, essentiellement axés sur le droit.
Le combat continue
Qu’il s’agisse de discuter de la manière d’amorcer le changement ou de donner des conseils à la prochaine génération, les contributions de toutes ces femmes inspirantes donnent une idée de l’état de l’inclusion sur le lieu de travail et au-delà.
Nous sommes reconnaissants pour tous leurs commentaires, qui donnent une idée de l’importance de tous ces sujets pour nous tous chez RingCentral. Il y a encore du chemin à parcourir, mais chaque mois apporte son lot d’avancées. Avec le temps, les efforts en faveur de l’égalité et l’inclusion des femmes se multiplient et nous permettront de voir des changements significatifs.
Publié le 08 Mar, 2024
